Alors que des mouvements de mécontentement ou de désobéissance se produisent dans l’armée, la Ligue n’échappe pas, dès 1915, aux débats sur les raisons et la conduite de la guerre qui posent la question des responsabilités des belligérants et des conditions pour mettre fin au conflit.
Comme dans d’autres organisations, des critiques émergent contre le refus d’une paix blanche et la volonté d’une victoire militaire. En 1916, la Société d’études documentaires et critiques sur la guerre (SEDCG) regroupe de nombreux intellectuels qui refusent la guerre de manière radicale : le philosophe Michel Alexandre et son épouse Jeanne Halbwachs, ainsi que l’ancien secrétaire général Mathias Morhardt. Les dissensions s’aggravent et débouchent sur une crise ouverte à la fin 1918 au sein de l’association avec même une contre-ligue, tandis que de grandes figures protestent contre la continuation de la guerre. Lors du procès intenté contre l’ancien ministre Joseph Caillaux, accusé de trahison, Victor Basch, qui demeure dans la majorité tout en menaçant de démissionner, est l’un des plus sévères à l’encontre de la direction de la Ligue, qui veut la paix mais d’abord la victoire .
La question du rôle de l’Allemagne dans le déclenchement du conflit reste posée après l’armistice et le traité de Versailles. La Ligue, par la voix de Charles Gide, s’interroge sur l’efficacité des réparations. Les responsabilités de l’Allemagne sont relativisées par la fraction pacifiste. L’association s’active surtout pour la réhabilitation des soldats condamnés par les conseils de guerre, les fusillés pour l’exemple, ce qui est aussi un moyen de construire une contre-mémoire de la Grande Guerre.
La Ligue des droits de l'Homme, la guerre et la paix, 1917308
Henri Guernut (876-1943)
La contemporaine/ S pièce 1250 ©La contemporaine
Statuts de la Société d'Études documentaires et critiques sur la Guerre, 1916
La contemporaine/ F delta rés 102-1 ©La contemporaine
La Société d'études documentaires et critiques sur la Guerre fondée en janvier 1916 par le professeur Charles Gide (1847-1932), militant de la coopération, et l'ancien secrétaire général de la Ligue Mathias Morhardt (1863-1939) est le milieu d'origine des critiques intellectuelles et politiques sur les origines et la conduite de la guerre.
"Caporal Maupas, du 336e : Fusillé à Suippes le 17 mars 1915"
P. Hay
La contemporaine/ F delta rés 196-1-10 ©La contemporaine
Les Obsèques du Caporal Maupas à Sartilly (Manche), 9 août 1923, carte postale
P. Hay
La contemporaine/ F delta rés 196-1-10 ©La contemporaine
Portrait de Mathias Morhardt, carte postale, s.d.
s.n.
La contemporaine/ F delta rés 798 ©La contemporaine
Mathias Morhardt (1863-1939), journaliste et homme de lettres, d'origine suisse et protestant, secrétaire général de la Ligue de 1898 à 1911 et toujours membre de son comité central, animateur de sa minorité pacifiste.
17 février 1920, procès [de Joseph] Caillaux [Sénat, Haute Cour de Justice]
Agence Rol.
©Source gallica.bnf.fr / BnF
Arrêté le 14 janvier 1918, l'ancien président du Conseil, Joseph Caillaux (1863-1944), est jugé par le Sénat transformé en Haute Cour de Justice. Condamné en février 1920 pour "correspondance avec l'ennemi" après l'effondrement des accusations de complot et de haute trahison, il devient avec son collègue Malvy le symbole des victimes de la répression belliciste et se voit de plus en plus vigoureusement soutenu par la Ligue des droits de l'Homme. Amnistié, il reprend sa carrière politique.
Portrait de Charles Gide, carte postale, s.d.
s.n.
La contemporaine/ F delta rés 798 ©La contemporaine
Résumé statistique de l'Exposé de M. Ch. Gide bsur les dépenses militaires des belligérants avant la guerre, 1916
La contemporaine/ F delta rés 102-1 ©La contemporaine
"L'Affaire Caillaux" in Les cahiers des droits de l'Homme, 1920
V. Basch, E. Kahn, A.-F. Hérold, G. Séailles, Séverine
La contemporaine/ . ©La contemporaine
"Les Crimes de la Guerre : L'Affaire Gillet" in Les cahiers des droits de l'Homme, 10 janvier 1923
Les conseils juridiques de la Ligue
La contemporaine/ F delta1836 ©La contemporaine
Lettre de Paul Gillet à Henri Guernut, 28 février 1923
La contemporaine/ F delta rés 798©La contemporaine