À la suite de Jules Ferry et de Ferdinand Buisson, la Ligue est attachée à l’école publique, qui doit être ouverte à tous, gratuite et laïque. Le rôle de l’école est de transmettre des savoirs et de contribuer « à former des individus autonomes et des citoyens responsables capables de comprendre et de faire leurs les valeurs fondatrices de la République indispensables pour vivre ensemble, et de faire des choix éthiques » (Gérard Aschieri). Pour autant, elle a longtemps refusé l’idée d’un monopole de l’État, tout en demandant un contrôle de l’enseignement privé.
Après 1945, la Ligue a pris position pour l’augmentation des crédits à l’enseignement public (congrès de 1950) et contre le financement public de l’enseignement privé à forte dominante catholique (loi Barangé de 1951 sur les allocations scolaires). Elle collabore aux États généraux de la France laïque et se rapproche pour les enjeux scolaires du SNI (Syndicat national des instituteurs), de la FEN (Fédération de l’Éducation nationale) et de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves). Elle se joint aux manifestations du Comité national d’action laïque (1959) contre la loi Debré qui organise le soutien de l’État à l’enseignement privé sous contrat en échange d’un contrôle des programmes et de l’enseignement.
La Ligue s’oppose plus tard au projet de loi Bayrou de 1993 sur le financement de l’enseignement privé et à la loi Carle de 2009. Elle demande aussi l’application des recommandations de l’Observatoire de la laïcité et la fin du statut particulier en Alsace-Moselle qui conserve un enseignement religieux dans l’école publique. Elle considère en 1994 que l’exclusion des élèves portant un foulard serait inutile et dangereuse, position renforcée en 1997. Le congrès prend alors position contre l’exclusion ou les discriminations à l’égard des élèves au prétexte de leur appartenance religieuse, analyse de nouveau affirmée dans divers débats liés à la présence de l’islam dans la société française. Elle travaille avec divers partenaires selon les périodes et les sujets : Comité national d’action laïque, Fédération syndicale unitaire, Réseau éducation sans frontières, etc. Les combats récents de la Ligue privilégient ainsi une école publique ambitieuse, émancipatrice, ouverte à tous les enfants de la République, les formant à une citoyenneté plurielle et égalitaire, attentive aux discriminations de genre.
Science nat. Aujourd'hui : Le Saint Esprit, dessin, 1987
André-François Barbe (1936-2014)
La contemporaine/ arch103-806bis ©La contemporaine/Barbe
Jeunesse & citoyenneté 93, affiche, 1993
s.n.
La contemporaine/ arch103 ©La contemporaine/DR
Manifestation contre la loi Debré, photographie, septembre 1996
Manuel Ahano
La contemporaine/ arch103-906 ©La contemporaine/Manuel Ahano
De gauche à droite: Danièle Lochak, Bertrand Main, Saïd Bouziri
"Droit à l'éducation - Devoir d'éducation" in Hommes & Libertés n° 4, 1978
Madeleine Rebérioux (1920-2005)
La contemporaine / 4P 9353 © La contemporaine
L'affaire des foulards, Creil, 1989
Extrait d'entretien avec Danièle Lochak, 2018, 04'24''
Danièle Lochak : professeure émérite de droit public à l'Université Paris-Nanterre, elle a été fondatrice et présidente du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) de 1985 à 2000. Elle rejoint le comité central de la Ligue des droits de l’Homme en 1986 dont elle est vice-présidente entre 2006 et 2009.