La Ligue a-t-elle toujours raison ?
Ses principes sont-ils indiscutables et les met-elle en œuvre de manière exemplaire ?
Les réponses à ces questions, de prime abord évidentes, varient selon les analyses. Signalons au moins quelques problèmes.
Alors que le Bloc des gauches est au pouvoir en 1904, « l’affaire des fiches » révélant la surveillance occulte d’officiers par le Grand Orient de France pour le compte d’un proche collaborateur du ministre, le général André, provoque un profond malaise au sein de l’organisation : Ferdinand Buisson, Célestin Bouglé, Gabriel Monod, Charles Rist, Louis Comte, Joseph Reinach protestent. Francis de Pressensé, Anatole France, Yves Guyot, la majorité du comité central et des ligueurs se solidarisent avec le gouvernement. La Ligue sort de cette crise en demandant l’abandon de tout dossier secret pour les fonctionnaires.
Lorsque la direction de la Ligue critique en 1905 le gouvernement Clemenceau pour sa répression contre les syndicalistes également agents de l’État, le débat est aussi vif.
Reconnaissance du droit d’association ?
Oui, pour les fonctionnaires de gestion mais pas ceux d’autorité.
Reconnaissance du droit de grève ?
Plus tard, mais la Ligue, pressée par Jean Jaurès, soutient la CGT.
Ces débats se traduisent par de nombreux départs : l’association passe de quelque 89 000 adhérents en 1909 à 48 000 en 1913. Conséquence inévitable d’un épuisement du dreyfusisme. Divisions classiques dans une association plurielle en politique ? Difficultés à trouver le bon positionnement d’action au regard des principes ?
"M. le Général André se documente pour ses mémoires" in Le Rire : journal humoristique n°477, 22 juin 1906
Jules Maurice Radiguet (1866-1941)
La contemporaine/ 4 P 29 © La contemporaine
Le scandale des fiches (surveillance officieuse des officiers catholiques par les loges franc-maçonnes) au ministère de la Guerre du Bloc des Gauches sous la responsabilité du ministre de la Guerre (1900-1905) Gal André secoue fortement la Ligue des droits de l'homme et l'ensemble de la majorité parlementaire. Elle débouche finalement sur la démission du gouvernement Combes.
"La Grève" in L'Assiette au beurre n°214, 6 Mai 1905
Jules Grandjouan (1875-1968)
La contemporaine/ 4 P 3166 © La contemporaine
Le rôle de l'Armée utilisée dans le maintien de l'ordre en cas de grève ou de manifestation nourrit l'antimilitarisme ouvrier alors que le syndicalisme révolutionnaire de la CGT est à l'offensive dans ces années de croissance économique.
1er Mai 1909 aux travailleurs, affiche
Le comité général
La contemporaine/ AFF. 014930_04 © La contemporaine
"Les fiches de police du Ministère de la Guerre" in Bulletin Officiel de la Ligue des Droits de l'Homme, 1905
Comité central de la Ligue des droits de l'Homme
La contemporaine/ 8 P 219 © La contemporaine
