Les premiers combats de la LDH
L’extension des principes d’engagement


Le dreyfusisme de la Ligue la conduit à affirmer et à préciser des droits légaux, mais encore à étendre le domaine de la lutte à des droits potentiels, considérés comme légitimes. Deux domaines nouveaux d’intervention apparaissent rapidement.

D’une part, les droits des femmes. La Ligue élit des femmes et même des féministes à son comité central comme Mathilde Salomon, Jeanne Schmahl, Séverine et Gertrude Avril de Sainte-Croix ou Maria Vérone, mais 13 femmes seulement y siègent entre 1898 et 1940. Si elle mène campagne pour que soit reconnue la capacité civile de la femme mariée, elle se divise sur la question de la prostitution. Elle n’en demande pas moins la protection des filles-mères ou l’abrogation de la police des mœurs (1902). Elle appelle à l’égalité politique des deux sexes (1909) et s’affirme pour les droits de vote et d’éligibilité des femmes pour les scrutins locaux (1914). Mais aucune grande campagne de mobilisation n’est cependant engagée malgré les engagements de Francis de Pressensé ou de Ferdinand Buisson.

D’autre part, la question sociale. Son troisième président de 1914 à 1926, Ferdinand Buisson juge qu’il y a « une affaire Dreyfus partout où il y a un ouvrier qui souffre, un enfant sans instruction, un travailleur sans défense, un vieillard sans asile ». Ainsi, la politique répressive menée par Georges Clemenceau est critiquée. L’affaire Jules Durand (1910-1911), syndicaliste condamné à mort, considérée par certains comme une « affaire Dreyfus ouvrière », voit la Ligue se mobiliser aux côtés de socialistes et de syndicalistes pour sauver ce militant.

Séverine

Séverine

Louis Welden Hawkins (1849-1910)
©RMN
Séverine, de son vrai nom Caroline Rémy (1855-1929) est une grande journaliste et écrivaine. Compagne de Jules Vallès, elle est de tous les combats humanitaires et sociaux, a des sympathies libertaires, socialistes puis communistes.
Union française pour le suffrage des femmes :

Union française pour le suffrage des femmes : "Les Françaises veulent voter", affiche, ca.1926

Chavannaz, B
La contemporaine/ AFF. 001395 © La contemporaine

"La Baraque Féministe du jour de l'an (1er janvier 1914) Mme Maria Verone, Secrétaire Générale, Mme Marie Bonnevial, présidente de la Ligue"

s.n.
La contemporaine © La contemporaine
Le mouvement féministe se développe à l'image des "suffragettes" britanniques. Il mène notamment campagne pour le droit de vote, adopté par les députés en 1919, mais bloqué par le Sénat pendant toute la IIIe République. Marie Bonnevial (1841-1918), institutrice et militante socialiste et féministe, et Maria Vérone (1874-1938), institutrice, avocate et libre-penseuse, ont toutes deux présidé la Ligue française pour le droit des femmes et milité à la Ligue des droits de l'Homme.

"La Baraque Féministe du jour de l'an (1er janvier 1914) Mme Maria Verone, Secrétaire Générale, Mme Marie Bonnevial, présidente de la Ligue"

s.n.
La contemporaine © La contemporaine
Portrait de Ferdinand Buisson, carte postale, s.d.

Portrait de Ferdinand Buisson, carte postale, s.d.

s.n.
La contemporaine/ F delta rés 798 ©La contemporaine




L'affaire Jules Durand
Extrait d'entretien avec Marc Hédrich, 2018, 02'38''


Marc Hédrich : magistrat à la Cour d’appel de Caen, ancien juge d’instruction au Havre, co-fondateur de l’association des Amis de Jules Durand. Il a été président de la section de la Ligue des droits de l’Homme du Havre de 1992 à 2000.

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