« Élargissez l’homme », Jean Jaurès
La Ligue se développe et se restructure à plusieurs reprises
Elle devient rapidement une association de masse, implantée en métropole et au-delà, avec quelque 90 000 membres et 870 sections en 1910. Elle réfléchit à une République, démocratique en demandant des réformes judiciaires, et plus tolérante en poussant à une laïcisation de l’État et à une sécularisation de la société par l’école. Mais elle élargit son champ d’action en s’intéressant aux droits économiques et sociaux et aux questions internationales, intégrant dans son mandat l’écoute des minorités et plus largement des peuples, ainsi que la recherche de la paix.
Elle se saisit aussi de problématiques nouvelles comme l’aspiration des femmes à l’égalité juridique et sociale. Pour les populations colonisées, elle étend son registre de la condamnation de l’exploitation et des exactions à l’affirmation des droits. Elle pense et agit enfin en faveur des étrangers et des réfugiés. Ces débats ne font pas toujours l’unanimité en interne.
La Ligue devient un rouage de la République, associée à la République parlementaire par ses liens avec les socialistes et les radicaux, par son groupe parlementaire. C’est également une force critique de proposition et de contrôle, notamment pour la laïcité et les libertés individuelles et collectives, en particulier syndicales. Elle est un lieu de rencontre entre hommes politiques (ses premiers présidents jusqu’en 1926 sont ou ont été des députés connus), intellectuels de renom et militants du droit. Espace de convergence, elle est également un terrain d’affrontements entre républicains plus ou moins modérés. Après un pic d’adhérents et de sections atteint en 1932 (180 000 membres et 2 450 comités locaux), elle joue un rôle emblématique dans la formation et l’animation du Rassemblement ou du Front populaire de 1936.