Depuis la suppression du service national, l’attention se tourne davantage vers la police. Très critique de son instrumentalisation politique contre les anticolonialistes ou les syndicalistes dans les années 1950-1970, elle approuve la mise en place de la Commission nationale de déontologie de la sécurité en 2000, reprise par le Défenseur des droits , tout en participant, avec le MRAP et le Syndicat de la magistrature à la création en 2002 de la Commission Citoyens-Justice-Police. Face à l’accroissement des contrôles au faciès, des arrestations arbitraires , des poursuites pour outrage et rébellion s’inscrivant dans une politique du chiffre, elle s’appuie sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme qui a maintes fois condamné la France pour les dysfonctionnements de ses forces de l’ordre.
La justice reste l’objectif fondateur de la Ligue. Dès 1945, elle n’hésite pas à intervenir pour mettre fin à l’internement administratif des « suspects » de collaboration ni condamnés, ni inculpés.
Au-delà de toutes ses interventions quotidiennes, elle se bat pour que la justice des mineurs garde sa finalité éducative, de plus en plus remise en cause. De la loi Peyrefitte (1981) à la loi Vaillant (2001), des lois Perben (2002-2004) aux lois Sarkozy (2003) et LOPPSI 2 (2011) aboutissant à une dérive sécuritaire, le travail de fond pour diminuer la délinquance, comme les réformes d’ampleur et stables pour mieux faire fonctionner une justice indépendante et impartiale n’ont pas été réalisées.
La Ligue déplore un empilement sans bilan des dispositifs, par exemple la comparution immédiate ou le plaider coupable, institués au mépris des droits de la défense et relevant d’une « justice d’abattage » (Henri Leclerc), ou encore les mesures de rétention, le délit de solidarité ou les peines planchers. Bref, un système judiciaire toujours en crise, sans moyens, inégalitaire et répressif, à l’opposé de celui préconisé par la commission « Justice pénale et droits de l’homme » présidée par Mireille Delmas-Marty.
Les critiques sont aussi sévères à l’encontre de politiques pénitentiaires aboutissant à une surpopulation déshumanisante, reflet à ses yeux d’un tout carcéral, y compris hors des murs (bracelet électronique). Parmi les avancées, outre les évolutions du ministère Badinter (abolition de la peine de mort, suppression de la Cour de sureté de l’État, etc.), elle approuve la création du poste de Contrôleur des lieux de privation de liberté.
La peine de mort, débat avec Michel Tubiana, affiche, 1981
Legoor
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Robert Badinter, garde des Sceaux, ministre de la justice présente à l'Assemblée nationale son projet de loi portant sur l'abolition de la peine de mort, 18 septembre 1981
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Pour les libertés, affiche, s.d.
Almag'Art
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Les prisons françaises sont les plus ignobles d'Europe, photographie, s.d.
Elie Kagan (1928-1999)
La contemporaine/ FDKAG1688N00084115©Elie Kagan/coll. La contemporaine
C.I.P.P. Les comités d'information sur les pratiques policières, affiche, s.d.
s.n.
La contemporaine/ ©La contemporaine/droits réservés
"La réforme de la justice pénale" in Les cahiers des droits de l'Homme, 1955
René Georges-Etienne (1909-1985)
La contemporaine/ 4P00298 © La contemporainre/ldh
Contre les violences policièresen mai 68
Extrait d'entretien avec Denis Langlois, 2018, 02'55"
©La contemporaine
Denis Langlois : conseiller juridique de la Ligue des droits de l’Homme de 1967 à 1971, il devient avocat à la même période. Egalement écrivain (Le Cachot, Les dossiers noirs de la policer française, Le guide du militant), il exerce aussi sa profession d’avocat militant en s’engageant dans diverses causes, de l’indépendantisme basque à l’affaire Seznec.
La peine de mort
Extrait d'entretien avec Henri Leclerc, 2003, 03'30"
©La contemporaine
Henri Leclerc : avocat au Barreau de Paris, militant anticolonialiste, militant du PSU (1960-1972), co-fondateur du Cabinet d’Ornano, membre du Conseil de l’Ordre des avocats (1982-1984). Après avoir été brièvement membre du comité central de 1967 à 1971, il le retrouve en 1984, date à laquelle il prend également la tête de sa commission Immigrés. Il préside la LDH de 1995 à 2000.