La Ligue, forte de près 50 000 adhérents en 1905, est devenue un mouvement de masse. Elle est dirigée par un comité central de 36 membres, avec un rôle primordial conféré au président, au secrétaire général et au trésorier. Au premier président Ludovic Trarieux succède le journaliste socialiste Francis de Pressensé le 26 octobre 1903. L’autonomie des sections demeure la clé de voûte d’une association au fonctionnement de plus en plus démocratique.
Son mandat s’élargit. Fondé sur la protection des droits individuels, il s’étend à la défense des libertés publiques (condamnation des « lois scélérates » contre les pacifistes et les syndicalistes) et désormais aussi aux droits des peuples, y compris, non sans timidité, ceux des populations colonisées. Il s’intéresse aux droits sociaux (assistance judicaire, soutien aux ouvriers grévistes). Un service juridique est mis en place.
La Ligue accompagne ou initie les grandes batailles en faveur de la laïcité : loi sur les associations (1901), loi interdisant l’enseignement aux membres des congrégations religieuses (1904), loi de séparation des Églises et de l’État (1905), en partie inspirée du projet de Francis de Pressensé.
La Ligue des droits de l'Homme en France en 1901
©La contemporaine
Portrait de Ludovic Trarieux in Les défenseurs de la justice : affaire Dreyfus, 1899
Gerschel
La contemporaine/ GF pièce 177 ©La contemporaine
Portrait de Francis de Pressensé in Les défenseurs de la justice : affaire Dreyfus, 1899
Gerschel
La contemporaine/ GF pièce 177 ©La contemporaine
«Séparation de l'Église et de l'État» in Le Rire : journal humoristique, n°120, 20 mai 1905
Dessin de Charles Léandre (1862-1934)
La contemporaine/ 4 P 29 ©La contemporaine
La Séparation de l'Église et de l'État votée en 1905 passionne le pays. La caricature de Charles Léandre (1862-1934), peintre et caricaturiste de talent, reste politiquement assez prudente comme en témoigne sa légende "Et M. Bienvenu-Martin continue toujours avec beaucoup de Briand son opération chirurgicale". Le ministre radical Bienvenu-Martin ici représenté se contente en effet d'approuver les efforts de conciliation du député socialiste Aristide Briand, rapporteur de la loi, pour aboutir à une Séparation acceptable par les catholiques.