« L’affaire par excellence », Jean Psichari
La Ligue française pour la défense des droits de l’Homme et du Citoyen est née à Paris le 4 juin 1898 pour défendre le capitaine Alfred Dreyfus, accusé d’espionnage, c’est-à-dire d’un crime de trahison, et condamné à tort et irrégulièrement par les tribunaux militaires.
Il est difficile de contester le jugement d’un conseil de guerre quand les autorités politiques, une large partie de la presse et de l’opinion ne le remettent pas en cause. Faire valoir les droits d’un citoyen et les principes de justice et de vérité nécessite de ce fait une vaste mobilisation civique dans un climat d’antisémitisme et de nationalisme. Pour mener celle-ci, les défenseurs de Dreyfus créent une association. Même si, dès le départ, la Ligue indique qu’elle entend extrapoler le cas particulier de cet officier républicain, le combat pour la révision du procès domine les premières années de son existence.
L’affaire Dreyfus, devenue l’Affaire, passionne en France et dans le monde. Dreyfus est finalement gracié et libéré en 1899, puis innocenté totalement et réhabilité partiellement en 1906. Les réformes prônées à l’occasion de ce combat pour obtenir plus d’égalité et d’impartialité dans la justice militaire n’aboutissent toutefois pas immédiatement.
Les dreyfusards de la première génération animent une ligue qui constitue la principale association de défense des droits de l’homme et des libertés, représentant un modèle d’engagement et multipliant les interventions juridiques et éthiques contre l’arbitraire d’État.
Si la mémoire de l’Affaire inspire jusqu’à aujourd’hui l’action et la réflexion de la Ligue, l’esprit des Déclarations des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et de 1793 inspire plus largement l’ensemble de ses combats.