Les ligueurs, majoritairement athées ou agnostiques, sont attachés à la laïcité, qui constitua longtemps leur combat essentiel et un enjeu déterminant des controverses politiques. La référence demeure la loi de séparation des Églises et de l’État (1905) : liberté de conscience, libre exercice des cultes dans un cadre légal, sans reconnaissance particulière ou subvention par la République. À l’origine de toutes les libertés, la laïcité est le fondement d’une République qui accueille la diversité des consciences dans l’égalité des droits.
Si les principes sont clairs, leur application dans le débat public suscite des débats dans l’espace public dont la formulation ne peut rester immuable. L’objectif demeure celui d’une laïcité effective, qui refuse l’essentialisation et la réduction de chaque citoyen à telle ou telle communauté. L’État ne doit pas chercher à organiser les religions ou leurs cultes, à en privilégier ou en discriminer certaines, mais rester lui-même neutre. Il doit « faire vivre le pluralisme convictionnel de la démocratie républicaine, à égalité et sans discrimination » rappelle la Ligue après les attentats contre les journalistes de Charlie-Hebdo (2015).
La mise en œuvre de ce pluralisme suppose de combattre ses adversaires. Plusieurs publications et congrès, à la suite de ceux d’avant-guerre (1928, 1930, 1938), sont consacrés à un programme d’action et de convergences (1950, 1955). En 1945, la Ligue participe à la constitution du Cartel national laïc. Cette action se poursuit et s’élargit dans les décennies suivantes : en 1984, Roger Leray considère que le combat pour la laïcité est « pour les libertés contre le sectarisme et, bien sûr, contre le racisme ». Elle s’infléchit aussi à partir de la présidence d’Yves Jouffa. Le combat change-t-il ? En tout cas, les priorités et les discours évoluent sans régler pour autant tous les problèmes : affrontements sur l’école en 1984 et 1994, récemment sur le PACS et le mariage pour tous, ou sur la place de l’islam.
La Ligue souhaite promouvoir une politique laïque qui aide à l’émancipation. Dès 1989, elle souligne ainsi « son hostilité au voile, symbole d’oppression pour beaucoup de femmes », tout en estimant que « son interdiction dans notre société constitue, de fait, une discrimination religieuse ». Plusieurs de ses congrès et des rencontres (commission Islam et Laïcité, animée avec Le Monde diplomatique de 1997 à 2003) sont consacrés à ce sujet. Aujourd’hui, la Ligue continue de défendre une laïcité de paix, sans instrumentalisation ou récupération identitaire, dans le prolongement des principes républicains définis en 1905.
Paris. Manifestation de femmes portant le voile, 22 octobre 1989
© Jean Pottier, Saif, 2019
Lacontemporaine/ POT_N002126_014 ©Le Monde
Tout est pardonné, Charlie Hebdo, n°1178, 14 janvier 2015
Renald Luzier, dit Luz 1(972- )
La contemporaine/ ©Charlie Hebdo/droits réservés
L'art est une arme de construction massive, dessins, achevé le 9 juin 2016
Œuvre collective
© LDH/droits réservés
"Laïcité, Égalité" in LDH : Dossiers et documents,nov.-déc. 1993
La contemporaine/ FP5611 ©La contemporaine/LDH
1. Laïcité et liberté de conscience
2. Débats et prises de position de la Ligue
Extraits d'entretien avec Danièle Lochak, 2018, 04'38''
Danièle Lochak : professeure émérite de droit public à l'Université Paris-Nanterre, elle a été fondatrice et présidente du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) de 1985 à 2000. Elle rejoint le comité central de la Ligue des droits de l’Homme en 1986, dont elle est vice-présidente entre 2006 et 2009.