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La Contemporaine
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Désobéir  >  La justice militaire



Le maintien de l'obéissance et de la discipline au sein des troupes a constitué un enjeu majeur pour les autorités militaires tout au long de la guerre.


Une justice d'exception

Dès le mois de septembre 1914, pour endiguer la vague d'insubordination et de désertion du début de la guerre, des conseils de guerre spéciaux composés de trois officiers sont créés. Ils jugent sans véritable preuve, rendent des jugements sans appel et prononcent de nombreuses condamnations à mort immédiatement exécutables. La justice militaire échappe donc à tout contrôle.  Au cours des deux premières années de la guerre, les exécutions sont nombreuses, environ 200 en 1914 et 260 en 1915.

En avril 1916, des conseils de guerre ordinaires remplacent les conseils de guerre spéciaux. Les accusés bénéficient à nouveau d'un minimum de garanties, ils sont défendus, ils peuvent déposer un recours en révision et un recours en grâce auprès du président de la République.
Lors de la répression des mutineries de 1917, ces garanties minimales sont maintenues. Le parlement et le Ministre de la Guerre, Painlevé ont pu veiller à ce que le nombre de victimes soit limité. Une quarantaine de soldats sont fusillés, 3000 sont condamnés à des peines plus ou moins lourdes, travaux forcés, travaux publics, prisons.


Des condamnations pour l'exemple

La justice militaire veut faire des exemples pour dissuader les soldats de basculer dans la désobéissance et l'indiscipline.
Au cours de la guerre, 600 soldats français ont été fusillés « pour l'exemple » sans que leur culpabilité soit prouvée ou sans qu'ils soient plus coupables que leurs camarades. Ils ont été condamnés pour délit de « refus d'obéissance, mutilations volontaires, désertion, lâcheté ou mutinerie ».

L'affaire des caporaux de Souain constitue l'un des exemples les plus flagrants de l'injustice militaire.
La 16 mars 1915, Théophile Maupas, Louis Lefoulon, Louis Girard et Lucien Lechat, caporaux de la 21° compagnie du 336° régiment d'infanterie comparaissent devant le conseil de guerre avec 20 autres de leurs camarades pour « refus de bondir hors des tranchées ». Le refus d'obéissance est indéniable, mais les quatre caporaux sont désignés arbitrairement et fusillés le lendemain.


089_BDIC_FDR0196_1_10_015
Portrait de Théophile Maupas, s.d.
Fonds Fusilliés de Souain, F delta res 196/1/10/015


Les réhabilitations

Des campagnes de réhabilitation ont été conduites par les familles des fusillés et soutenues par la Ligue des droits de l'Homme.
La BDIC possède des recueils d'archives sur ces campagnes de réhabilitation.

Dès la fin de la guerre, la veuve de Théophile Maupas, aidée par la Ligue des droits de l'Homme contactée à partir du mois d'avril 1915, entame un combat pour la réhabilitation de son mari et des autres caporaux fusillés. Elle accumule de nombreux témoignages et obtient que la Cour spéciale de justice réhabilite les quatre caporaux de Souain dans un arrêt rendu le 3 mars 1934.

Témoignages datés de 1915 en faveur de Théophile Maupas :


090_BDIC_fdr0196_1_01_002
Fonds Fusillés de Souain
F delta res 196-1-01-002


091_BDIC_fdr0196_1_01_003
Fonds Fusillés de Souain
F delta res 196-1-01-003



En revanche, la campagne menée pour la réhabilitation de Jean-Julien-Marius Chapelant fusillé «  pour l'exemple » en octobre 1914 n'a pas abouti.
Chapelant, blessé au combat, est capturé le 7 octobre 1914. Il parvient à s'échapper et rejoint les lignes françaises. Il est alors traduit devant un conseil de guerre spécial et condamné à mort pour « capitulation en rase campagne ». Il est exécuté le 10 octobre attaché à son brancard.
Les démarches entreprises par son père ont été vaines. Cependant, son nom a été gravé sur le monument aux morts d'Ampuis, sa commune d'origine.

Au total, très peu de soldats, une quarantaine sur les 600 fusillés pour l'exemple ont été rétablis dans leur honneur.



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