Traces du génocide des Tutsi
Exposition présentée du 14 mai au 12 juillet
À l’occasion de la trentième commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda, le réseau international de recherche RwandaMAP et la Contemporaine, bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains, présentent l’exposition itinérante “Rwanda 1994 : traces du génocide des Tutsi” du 14 mai au 12 juillet à la Contemporaine, avec le soutien de l’Institut français du Rwanda, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la Maison des sciences de l’homme Paris Saclay.
Construite à partir des collections de la Contemporaine et enrichie d’archives publiques et privées, l’exposition propose de revisiter les principales dimensions du génocide à partir de matériaux inédits ou peu connus, qu’il s’agisse d’archives, de collections de presse, d’objets divers ou de témoignages. Avec une attention particulière donnée à la recherche et aux sources rwandaises, l’exposition s’intéresse notamment aux acteurs, lieux et rythmes des massacres, aux pratiques génocidaires, au rôle des médias rwandais et internationaux, à celui des Églises, à l’implication des puissances occidentales ou encore aux enjeux de mémoire et de transmission.
L’exposition met en perspective trente ans de recherches et de débats scientifiques tout en interrogeant la valeur patrimoniale et documentaire des traces du génocide des Tutsi. Elle donne également aux visiteurs l’occasion de questionner les méthodes d’écriture de l’histoire du temps présent. Présentant un ensemble de cent cinquante documents reproduits, parfois inédits, l’exposition trilingue — français, kinyarwanda, anglais — a pour vocation de circuler dans plusieurs villes du Rwanda (Kigali, Huye, Musanze).
Dans le prolongement de l’exposition, le numéro de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps, édité par l’association des amis de la Contemporaine, est consacré au génocide des Tutsi. Coordonné par les commissaires de l’exposition, Rémi Korman et François Robinet, il réunira les contributions de chercheurs francophones et anglophones, notamment rwandais. Un ensemble de rencontres est également programmé pendant la durée de l’exposition, dont l’adaptation d’Une saison de machettes par Dominique Lurcel le 14 mai à la maison de l’étudiant de l’Université Paris Nanterre.
Commissaires de l'exposition : Rémi Korman (Université catholique de l'Ouest) et François Robinet (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).
Scénographie, graphisme : Atelier Ping Pong.
Entrée libre et gratuite. Du mardi au samedi de 13h00 à 19h00.
Programmation culturelle et scientifique
Mardi 14 mai, 20h00
Une saison de machettes d’après Jean Hatzfeld, mise en scène de Dominique Lurcel
Platø9, Maison de l’étudiant de l’Université Paris Nanterre
Dix copains rwandais, hutus, copains de classe, de matchs de foot, de travaux des champs. En trois mois, d’Avril à Juin 1994, ils ont massacré à la machette, « sans rien penser », tout ce que leur bourgade et les collines voisines comptaient de tutsis, près de cinquante mille, hommes, femmes, enfants, leurs « avoisinants », avec qui ils avaient aussi partagé bancs de classe, bancs d’église, soirées arrosées et matchs de foot.
Jean Hatzfeld les a rencontrés dans la prison où ils purgeaient leurs peines (A ce jour, tous, sauf un, ont retrouvé la liberté, leur village, et ceux qu’ils n’avaient pas eu le temps de tuer) : ils ont raconté calmement, placidement, d’une voix posée, presque neutre.
Metteur en scène, directeur de la Cie Passeurs de mémoires fondée en 1997, Dominique Lurcel a créé, en 2006, ce spectacle à partir du livre de Jean Hatzfeld, Une saison de machettes (Le Seuil 2003). Il le reprend aujourd’hui, trente ans après.
Entrée libre sur réservation à l'adresse actionculturelle@lacontemporaine.fr.
Samedi 18 mai, jusqu'à 21h00
Nocturne de l’exposition dans le cadre de la Nuit européenne des musées.
Vendredi 24 mai
Journée d’étude scientifique : "Enquêter sur le génocide des Tutsi : entre archives et terrain"
La Contemporaine, salle n°3
9h30 : accueil
10h00 : mot d’accueil par Xavier Sené (Directeur de la Contemporaine)
Présentation scientifique de la journée par Rémi Korman (CHUS / UCO) et François Robinet (CHCSC / UVSQ)
10h15 - 11h45 : table ronde 1
Faire du terrain : évolutions, pratiques, enjeux de traduction
- Modération : Magnifique Neza (Cespra / EHESS) et François Robinet (CHCSC / UVSQ)
- Violaine Baraduc (Imaf / EHESS) : « L’enquête et son contrechamp. Le binôme chercheur·se-traducteur·rice »
- Rémi Korman (CHUS / UCO) : « Les mots de l’histoire et de la mémoire du génocide des Tutsi au Rwanda »
- Louis Laurent (Cespra / EHESS) : « Parler du génocide des Tutsi à la paroisse Sainte-Famille avec les génocidaires. Entre disponibilité, réinsertion, déni, dissimulation et prudence. »
12h30-13h30 : déjeuner
13h30 – 15h15 : table ronde 2
Enquêter sur le génocide des Tutsi : accès, usages, préservation des archives
- Modération : Marcel Kabanda (IBUKA) et Florence Rasmont (MMC / ULB)
- Karen Taieb (Mémorial de la Shoah) et Luce Mourand (EHESS) : « Les archives du génocide des Tutsis au Mémorial de la Shoah : état des lieux et perspectives ? »
- Philibert Gakwenzire (Université du Rwanda) : « Etudier le génocide des Tutsi à partir des archives de la Commune du Rwanda »
- Timothée Brunet-Lefèvre (Cespra / EHESS) : « Les procès du génocide des Tutsi en France et ses archives : des sources pour quelle(s) histoire(s) ? »
15h30 - 17h00 : workshop – questions de recherche
Samedi 25 mai
10h30 – la Contemporaine
Rencontre autour des ouvrages Tout les oblige à mourir (CNRS éditions, 2024) de Violaine Baraduc, Le Choc (Galllimard, 2024) et du dossier scientifique "Rwanda 1994 : Archives, mémoires, héritages" de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps (la Contemporaine, 2024).
Une table-ronde modérée par François Robinet en présence de Violaine Baraduc, Samuel Kuhn et Florence Rasmont.
- Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, Samuel Kuhn, Jean-Philippe Schreiber (dir.), Le Choc. Rwanda 1994: le génocide des Tutsi, Paris, Gallimard, 2024.
- Violaine Baraduc, Tout les oblige à mourir. L’infanticide génocidaire au Rwanda en 1994, Paris, CNRS éditions, 2024.
- Rémi Korman, François Robinet (coord.), "Rwanda 1994 : Archives, mémoires, héritages", in Matériaux pour l’histoire de notre temps, 2024/1, n°151-152, la Contemporaine, 2024.
11h45 – la Contemporaine
Visite guidée de l’exposition « Rwanda 1994. Traces du génocide des Tutsi » par les commissaires Rémi Korman et François Robinet
13h30 – Auditorium Max Weber – Université Paris-Nanterre
Discussion avec Bruce Clarke, artiste plasticien et photographe britannique d’origine sud-africaine. Modération : Rémi Korman.
Bruce Clarke travaille sur des projets artistiques et mémoriels en relation avec le génocide des Tutsi. Il est notamment le créateur du « Jardin de la mémoire », qui s’étend sur 3 hectares dans le district de Kicukiro, au sud de Kigali. En 2014, Bruce Clarke a peint les « Hommes debout », ces silhouettes d’hommes, de femmes et d’enfants, représentées au Rwanda sur les lieux de commémorations. En 2024, il continue son œuvre avec les « Femmes debout », ainsi qu'une exposition au Camp des milles (Vies d'après).
15h – Auditorium Max Weber – Université Paris-Nanterre
Projection-débat : Rwanda, les collines parlent (Belgique, 2005, 50 min) de Bernard Bellefroid
En présence du réalisateur.
Onze ans après le génocide, ce film accompagne survivants et bourreaux avant et après les premiers procès populaires Gacaca où ils se retrouvent face à face. Il y a Obede, accusé d'avoir tué des enfants et dont la demande de pardon n'est qu'une stratégie cynique pour être libéré. Il y a Gahutu, qui n'a "aucun remords" et qui, face à ses juges, parlent toujours de "serpents" pour parler de ceux qu'on exterminait. Enfin il y a François, obligé de tuer son propre frère pour pouvoir survivre et qui tente aujourd'hui de se réconcilier avec sa belle-sœur. À travers ces trois histoires, le film tisse un portrait d'une société en guerre contre l'idéologie toujours présente du génocide.
Entrée libre
Parution
Aller plus loin
RwandaMap (Mémoire, archive, patrimoine)
Ce réseau scientifique international, dont la coordination est assurée par une dizaine de chercheurs français, belges, sud-africains, britanniques et rwandais, interroge les traces archivistiques, patrimoniales et mémorielles du génocide des Tutsi du Rwanda. Il revêt trois principaux objectifs : 1/ proposer une cartographie numérique de l’existant via la création d’un annuaire des chercheurs, d’une
bibliographie collaborative et d’un « mapping » des lieux de documentation et d’archives ; 2/ déployer une réflexion collective critique sur les modes de production des connaissances mis en oeuvre depuis 1994 dans les disciplines des sciences humaines et sociales ; 3/ conduire des enquêtes collectives associant les compétences de différentes disciplines et de chercheurs issus de différents espaces linguistiques et géographiques.