[image : bandeau à partir de l'affiche de PDS ?]
Voter, résister, militer
L’affiche d’opinion s’épanouit lors des campagnes électorales, avec l’avènement sous la Troisième République du suffrage universel et du débat démocratique qui l’accompagne. Les formes typographiques ne varieront guère jusqu’au milieu du 20ème siècle et les candidats n’auront recours à l’image que tardivement tant le poids symbolique du discours écrit demeure fort. Il s’agit d’investir l’espace de la ville. On s’affronte non seulement verbalement par professions de foi mais aussi physiquement par afficheurs interposés. A la fin du siècle, un certain abbé Fourié tente de formaliser des règles de composition typographique des affiches politiques, au moment où émergent les premières théories de l’affichage publicitaire consacrant la place de l’image, déjà assise dans la grande presse. La tradition de l’affiche d’opinion, essentiellement typographique marque le pas, le placard retrouvant sa fonction classique d’avis officiel destiné à informer.
Mais dans les situations de guerre ou de mobilisation sociale, plus que l’image, les mots répondent à l’urgence de l’action
Depuis 1850, on est habitué avec les quotidiens, le télégraphe, les dépêches de l’agence Havas à une circulation rapide de l’information. En une journée, en quelques heures les nouvelles parviennent en tout point du territoire. Quand survient la guerre de 1870, c’est une bataille de dépêches, avec des vraies et fausses nouvelles.
Avec l’occupation prussienne, la guerre civile et le gouvernement insurrectionnel de la Commune de Paris, une « véritable pluie d’affiches » s’abat sur Paris. L’affiche permet de répondre à ce qui est devenu une nécessité dans les populations : être informé et suivre les évènements heure par heure, dans ce temps resserré de l’action politique qu’incarne la Commune. Dès le 19 mars, les premières affiches signées par le Comité central de la garde nationale apparaissent sur les murs. Sorties chaque jour en grand nombre de l’Imprimerie nationale, elles relaient les décisions prises par les Communards et s’imposent comme un véritable outil d’information en flux continu et de gouvernement dans l’urgence. Outil privilégié d’information et de mobilisation, en temps de crise, les textes affichés sont un lieu essentiel d’altercation : à travers eux jusqu’à la semaine sanglante, s’affrontent Versaillais et Communards.