Salonique le 30 novembre 1915
Je vous envoi (sic) quelques petits détails au sujet du temps qu'il fait à Salonique, tous ces jours ici il n'a fait que tombé (sic) de la neige les montagnes en sont complètement couvertes en plus il fait un vent terrible. Preuve que le barhomêtre (sic) est tombé à 3 degrés au dessous de zéro. Je crois que c'est déjà un petit commencement d'hiver je les plaind (sic) nos pauvres soldats sous leurs malheureuses tentes il est vrai qu'ils sont bien couvert (sic) mais le plus à plaindre pour eux c'est les pieds nous autres aussi le marin (sic) nous souffrons beaucoup du froid. Car nous sommes en faction à un canon des 2 heures entières le nez au vent. Quand nous quittons ce poste pénible pour aller nous coucher il est impossible de nous réchauffer les pieds. Car à bord la nuit c'est défendu de marcher sur le pont pour ne pas empêcher son camarade qui se trouve dessous de dormir. Nous sommes obligé (sic) de rester planté (sic) 2 heures avec ce système on est forcé d'avoir les pieds plus ou moins froid (sic). Pas plutard (sic) que hier pour mon compte j'ai fait 4 heures de service sur la passerelle avec mes hommes à une pièce de canon pour veiller contre les sous-marins une fois terminé ces 4 heures je suis parti me coucher j'avais les pieds gelés j'ai été au moins deux heures dans mon hamac sans pouvoir me les réchauffer pourtant j'étais bien chaussé. J'avais dans les pieds 2 paires de chaussettes une paire de chaussons bourrés et une paire de sabot. Il n'y a pas moyen de tenir la chaleur le vent passe à travers les chaussettes. Aujourd'hui la neige a tout de même commencée (sic) à cessé (sic) de tomber. Ce n'est pas dommage. Et dire que nous sommes qu'au commencement de l'hiver nous n'avons pas encore fini nos souffrances ce sera un hiver rude pour nous dans ces Balkans. Des troupes il en arrive tous les jours. De Port-Saïd1 il doit arrivé (sic) 38 cargots (sic) chargés de troupes anglaises environ 50 à 60 mille hommes. Ce sont les troupes qui se trouvaient échelonnées sur tout le canal de Suez. De France il en arrive aussi tous les jours ainsi que du matériel en masse. Il en faut pour ces maudits Bulgares pour les dérouter complètement. Rien autre à vous dire pour le moment un petit ami qui ne vous oublieras jamais. Je vous souhaite une bonne santé ainsi qu'à votre demoiselle car tant qu'à la mienne elle est parfaite.
[PS 1 :]
Je n'ai toujours pas de réponse de monsieur G Locke avocat à la cour d'appel.
[PS 2 :]
Juste je fermais l'enveloppe sur mes cartes que je reçois une lettre de vous qui m'a fait un très grand plaisir surtout de vous savoir toujours en exellente (sic) santé car tant qu'à moi je me trouve de même. Je ne manquerai pas ce soir de faire une prière qui portera peut être bonheur à mon malheureux [frère] qui n'a guère de chance. Je viens de recevoir une lettre de lui il commence à se désoler de voir tous les jours de ses camarades qui sont rejetés et pour lui jusqu'ici encore rien comme il me dit j'attends d'un jour à l'autre cette mauvaise nouvelle la tante chaque fois qu'elle lui écrit essaye de le consoler mais il n'y a plus rien à faire il n'y a pas moyen moi je m'en vais lui écrire aujourd'hui et lui dire qu'il prenne patience et du courage car comme me dit la tante il aura sûrement une diminution de peine mais ça sera long. Il est vrai que ça commence beaucoup à s'allonger car voila 2 mois passés que l'on s'est occupé de lui. Par la même occasion je vais vous adresser la lettre à votre nouvelle adresse.
(non signé)
Note : a
Il s'agit d'une carte-lettre, l'adresse est renseignée au recto.
Note : 1
Les Anglais pensent la campagne de Serbie perdue et renâclent à envoyer des troupes de soutien. Après des négociations, le généralissime Joffre obtient fin octobre que les Anglais accélèrent le rapatriement des troupes stationnées en Égypte à Salonique. Ces dernières seront stationnées à l'arrière alors que les françaises monteront au front.