Salonique le 22 Mars 1916
Ayant reçu vos 2 lettres le 19 je m'empresse de vous en rendre réponse et suis très content de vous savoir en bonne santé car tant qu'à moi je me trouve de même. Je trouvais drôle de ne pas avoir de nouvelles de vous car depuis le 1er janvier environ je n'avais reçu aucune lettre de vous. Comme vous étiez très souffrante, ce n'est pas drôle que vous ne pouviez pas me répondre. Alors comtesse vous avez vu monsieur Locke qui vous a dit qu'il ne pouvait rien faire à cause que l'interdiction de séjour lui compliquait trop sa peine. Je crois comtesse que vous mettez beaucoup de peine pour le faire sortir il ne faudrait tout de même pas trop vous déranger car je vois que vous n'entreprenez pas un petit travail pour lui. Enfin si vous ne réussissez pas ce ne sera toujours pas de votre faute. Tant qu'aux cartes postales il m'est plus facile d'en trouver à mon goût. depuis que je suis à bord de ce chalutier car de temps en temps je descends à terre soit pour faire les vivres ou alors permissionnaire de l'après midi.
Comtesse pour la question de voir votre neveu je ferai tout mon possible pour essayer de le trouver je vais demander l'autorisation de me laisser descendre à terre une après midi et pour mieux le trouver je vais m'adresser à un camp anglais qui se trouve à coté de l'intendance où nous prenons nos vivres peut être pourrais-je les trouver tous deux. Enfin je tâcherai de faire pour le mieux de leur envoyer la carte de visite qui leur ai (sic) du (sic). Nous sommes comtesse Bretons et Irlandais de la même race et non rien de l’Anglais. Car ce n'est plus du sang breton qu'ont les Anglais. Tant qu'à la victoire nous l'aurons mais ce sera long. Oui on peut dire qu'il font des efforts terribles et pour aboutir à quoi ? À faire tué (sic) leurs hommes inutilement. Mes camarades se joignent à moi pour vous envoyer nos meilleurs souvenirs et vous remercie beaucoup d'avoir penser (sic) à nous pour avoir envoyé des bouquins. Depuis que vous êtes partis (sic) comtesse de Sanary je vous ai adressé encore 3 courriers un daté du 4 mars, le 2ème daté du 10 mars et le 3ème du 16 et celui-ci que je vous adresse à Beaune. De monsieur Locke j'ai reçu un mot il y a environ 1 mois je lui ai fait réponse en le remerciant. Si cette fois ça réussirait pour mon frère qu'il en sorte et que l'on soit quitte après de faire tant de démarches. Il serait lui aussi si heureux de s'en aller sur le front pour racheter sa faute. J'ai été heureux d'avoir de vos nouvelles car pendant plus d'un mois je n'étais pas tranquile (sic) j'avais grand peur qu'il vous soit arrivé malheur. Je crois que les Boches auront beau faire et refaire ils n'arriveront jamais à prendre Verdun si à ce qu'ils arriveront comme je vous l'ai déjà dit à tué (sic) tous ce qu'ils ont de bons hommes et pourquoi ? Pour gagner peut être 50 centimètres de terrain et encore si ce n'est pas pour perdre 20 ou 30 mètres. Rien autre chose à vous dire pour le moment, recevez d'un petit ami ses meilleurs souvenirs de Salonique.
Un petit ami qui ne vous oublieras (sic) jamais,
