Île de Port Iéro le 20 octobre 1915.
Ne sachant trop que faire pour distraire au temps je m'empresse de vous envoyer de mes nouvelles qui sont très bonne (sic) en ce moment et je désire qu'à l'arrivée de mes 2 cartes vous vous trouviez de même. Par ici le temps n'est plus tout à fait si beau il commence à pleuvoir il se fait rare si nous n'avons pas de la pluie chaque jour. Et il commence à faire un petit peu plus frais mais c'est supportable. Je m'y plais assez dans cette petite île mais depuis quelques jours je commence à trouvé (sic) le temps long car les nouvelles se font très rares. depuis que nous sommes ici.
Nous avons eu juste un seul courrier. Ce qui nous fait 24 jours ici pour ainsi dire sans nouvelles. Nos dernières correspondances reçues sont datées du 17 septembre ce qui nous met à un mois sans nouvelles. C'est tout de même trop peu par ailleurs nous sommes assez bien, il y a encore une deuxième chose qui ne va pas c'est toujours cette maudite nourriture car nous mangeons très mal1. Enfin patience par cette même occasion je vous envoi (sic) la photographie de mon bateau en carte postale on aperçoit le canon avec lequel j'ai tué tant de turcs je vous le marque avec une croix au dessus elle ne sera guère visible cette croix car elle tombe pour ainsi dire dans le noire (sic) mais regardez bien le canon se trouve au dessous juste d'un petit canot.
Votre petit ami tout dévoué,
Note : a
Adresse présente sur toutes les cartes postales.
Note : 1
Le corps expéditionnaire ne parviendra pas à s'affranchir des problèmes logistiques. voir :
Max Schiavon, Le front d'Orient : Du désastre des Dardanelles à la victoire finale 1915-1918, Paris, 2014, p. 132.