Résistances - La Ligue des droits de l'Homme, 120 ans d'histoire[s]

Résistances

Dès 1939, le fonctionnement de la Ligue est entravé par la guerre. Elle s’oppose au décret de dissolution du PCF après la signature du pacte germano-soviétique. Subissant la censure, elle publie un seul numéro des Cahiers des Droits de l’Homme en février 1940. A la mi-juin, le siège de la rue Jean-Dolent est pillé par les nazis. Des ligueurs parlementaires, comme la majorité des élus socialistes et radicaux du Front populaire, votent les pleins pouvoirs à Pétain. D’autres s’abstiennent ou s’opposent. L’État français de Vichy dissout l’association.

Certains ligueurs contribuent à la Révolution nationale et, par pacifisme ou anticommunisme, écrivent dans la presse de la collaboration, La France socialiste dans la mouvance du Rassemblement national populaire de Marcel Déat, L’Atelier (Georges Dumoulin, Francis Delaisi) et Germinal (Léon Emery). Félicien Challaye publie dans ces deux titres.

Au cours de l’hiver 1940-1941, la Gestapo, à la recherche de Juifs, interroge des responsables des sections de l’Est et du Centre, en vain semble-t-il. Les ligueurs sont nombreux à s’investir dans la Résistance, en France, à Londres, en Afrique du Nord après le débarquement, ou aux États-Unis où Jacques Hadamard, Fernand Corcos et Roger Picard fondent l’International League for the Rights of Man and for the New Democracy. Dès 1943, la Ligue se reconstitue autour de René Cassin, Pierre Cot et Félix Gouin.

De nombreux ligueurs sont, à divers degrés, résistants : Pierre Brossolette, Marc Rucart, Robert Lacoste, André Philip, Émile Borel, Félix Eboué, Georges Boris, Georges Gombault, Henri Laugier, Frédéric Joliot-Curie, Paul Rivet, Albert Bayet, Fernand Jobard, Étienne Vacquier. Jean Moulin lui-même, fils de ligueur, est probablement ligueur. Le président de la Ligue Victor Basch et son épouse Ilona sont assassinés par des miliciens en janvier 1944, quelques mois avant Jean Zay ou Albert Vinçon. Certains sont déportés (Odette Bloch, Léon Gontier, Charles Grandjeat, Georges Gérineau…). D’autres évoluent, tels Aimé Berthod ou Georges Boully qui, après avoir voté les pleins pouvoirs à Pétain, entrent dans la Résistance.