Reconstruire le monde : l’universalisme


La victoire alliée semble augurer d’un monde ouvert, pacifié et en progrès. Joseph Paul-Boncour représente la France aux conférences fondatrices de l’ONU et René Cassin prend une part déterminante à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme en 1948.
Autant que par le programme du Conseil national de la Résistance, René Cassin est inspiré par le complément à la Déclaration française des droits de l’Homme, proposé par l’avocat René Georges-Étienne (congrès de la Ligue, 1936), qui affirme l’importance des droits économiques et sociaux. En France, la commission d’élaboration de la Constitution, à laquelle appartient André Philip, travaille à une Déclaration des droits de l’Homme qui sera remplacée par le Préambule de la Constitution de 1946, toujours en vigueur aujourd’hui. La République est désormais « indivisible, laïque, démocratique et sociale ».

Pourtant, la reconstitution de la Ligue est difficile dans un contexte où les institutions politiques et les pratiques de la Troisième République semblent appartenir à un monde révolu. Les derniers dreyfusards se succèdent à la présidence de l’association : Paul Langevin (1944-1946), Justin Sicard de Plauzoles (1946-1953) et l’ancien secrétaire général Émile Kahn (1953-1958). En 1947 la Ligue réunit moins de 20 000 adhérents. Elle doit accepter un prêt sans intérêt de la CGT, vendre une partie de son siège, augmenter fortement les cotisations et même fixer une contribution exceptionnelle en 1953.

Les espoirs de la Libération retombent vite. Les fortes tensions entre anciens Alliés, la Guerre froide, les difficultés de la décolonisation ne permettent pas qu’un monde juste et pacifique s’instaure. D’anciennes et de nouvelles crises de tous ordres se multiplient (guerre du Vietnam, conflits au Proche-Orient, etc.). Dans la mesure de ses moyens, la Ligue cherche à rappeler la nécessité de se fonder sur les principes pour trouver des solutions durables et équitables.


Déclaration universelle des droits de l'homme, affiche, 1948

Déclaration universelle des droits de l'homme, affiche, 1948

maquette: Béatrice Bonnafous
La contemporaine/ BDIC_AFN001A25 ©La contemporaine/ldh
Les délégués français MM. P. Boncour et Grumbach, Genève-Suisse , photographie, décembre 1939.

Les délégués français MM. P. Boncour et Grumbach, Genève-Suisse , photographie, décembre 1939.

s.n.
La contemporaine/ PH_10743 ©La contemporaine
Joseph Paul-Boncour (1873-1972), député, sénateur et ministre, socialiste et républicain-socialiste, défenseur de la sécurité collective, présidera la Fédération internationale des droits de l'Homme de 1948 à sa mort. Salomon Grumbach (1884-1952), socialiste alsacien, journaliste et député, antifasciste et résistant, est un artisan du dialogue franco-allemand et de la reconstruction européenne, actif dans l'Internationale socialiste.
Portrait de René Cassin, carte postale, s.d.

Portrait de René Cassin, carte postale, s.d.

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La contemporaine/ D_61_717_2_50 ©La contemporaine
René Cassin (1887-1976), juriste et diplomate, milite à la LDH et s'engage dans la France libre. Il participe à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme adoptée à Paris le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations-Unies. Il est aussi l'un des auteurs en 1950 de la Convention européenne des droits de l’homme ratifiée par la France en 1974 et 1981. Prix Nobel de la paix en 1968, il est panthéonisé en 1987.
Portrait de Paul Langevin, carte postale, s.d.

Portrait de Paul Langevin, carte postale, s.d.

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La contemporaine/ F delta rés 798 ©La contemporaine
Portrait de Justin Sicard de Plauzoles, carte postale, s.d.

Portrait de Justin Sicard de Plauzoles, carte postale, s.d.

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La contemporaine/ F delta rés 798 ©La contemporaine
Portrait de Émile Kahn, carte postale, s.d.

Portrait de Émile Kahn, carte postale, s.d.

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La contemporaine/ F delta rés 798 ©La contemporaine
Rue Jean Dolent, photographie, s.d.

Rue Jean Dolent, photographie, s.d.

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La contemporaine/ arch103-906©La contemporaine
Le 27 de la rue Jean Dolent, Paris 14e, est le siège de la Ligue des droits de l'Homme de 1930 à 2001 Les accords de constitution et le programme du Front Populaire y furent signés le 17 juin 1935.




La recontruction de la Ligue après-guerre
Extrait d'entretien avec Robert Verdier, 2003, 02'33''




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