Une démocratie sociale


Si la Ligue a participé au programme du Front populaire en 1936, son orientation sociale est plus ancienne et se rattache aussi bien au socialisme qu’au solidarisme ou à la pensée républicaine classique. Le fait que des responsables syndicaux aient appartenu à ses directions a joué aussi en ce sens.

Après 1945, la Ligue soutient l’État social en construction, de la planification à la Sécurité sociale, relaie les demandes individuelles à propos des retraites, des loyers dans un contexte de reconstruction difficile. En appelant grévistes et gouvernement à entendre la voix de la raison, elle connaît des tensions internes en 1948, ainsi qu’avec le PCF et la CGT. Des ligueurs s’engagent sur le plan international, au Conseil économique et social de l’ONU, dans l’élaboration du Pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels, ou encore en appui à la Charte sociale européenne au sein du Conseil de l’Europe (1961). Elle appelle de ses vœux un avènement de la démocratie économique et sociale qui, fondant l'organisation du travail sur la justice, rende enfin inutiles « ces épreuves de force que sont le lock-out et la grève ». Ses exigences portent ainsi sur le droit au travail, au plein emploi, à la sécurité sociale et au niveau minimum de vie ou sur le droit au logement.

Elle salue la création du Conseil économique et social et les avancées en termes de protections ou de droits (statut de la fonction publique, salaire minimum, abaissement de l’âge de la retraite, loi sur le handicap, revenu minimum d’insertion). Mais la crise économique et ses effets sociaux – les « nouveaux pauvres » – l’interrogent jusqu’à revendiquer une « citoyenneté sociale » (Madeleine Rebérioux, 1991). Attentive aux travailleurs immigrés, elle réfléchit et agit sur la montée de la précarité et de la pauvreté, sources d’exclusion. La Ligue participe aux luttes pour plus de solidarité et d’intégration.

Cette attention à l’effectivité des droits se retrouve à propos des fragmentations spatiales et des identités territoriales. Pour la Ligue, la régionalisation et la décentralisation n’apportent pas de réponses satisfaisantes, ne serait-ce qu’en l’absence de vraie péréquation des moyens. La question de l’universalité des droits se pose dans des conditions particulières en Nouvelle-Calédonie, en Guyane, en Martinique ou en Guadeloupe comme en Corse, dans des territoires « oubliés » de la périphérie, en zone rurale comme dans des quartiers et des banlieues populaires : quelle place faire à des revendications ou à des dispositifs locaux ? Avec les sections concernées, la Ligue en débat afin de donner les réponses les plus adaptées.


75e Congrès : Les pratiques de la Démocratie in Hommes & Libertés n°82, 1995

75e Congrès : Les pratiques de la Démocratie in Hommes & Libertés n°82, 1995

s.n.
La contemporaine / 4P 9353 © La contemporaine
Hôpital et service public in LDH : dossiers et documents, n°15, mars-avril 1994

Hôpital et service public in LDH : dossiers et documents, n°15, mars-avril 1994

s.n.
La contemporaine/ ©Lacontemporaine/ldh
Sans titre, dessin, 1987

Sans titre, dessin, 1987

Enzel
La contemporaine/ arch 103/806© Enzel/droits reservés
Un toit : un droit in Hommes & Libertés n°81, 1994

Un toit : un droit in Hommes & Libertés n°81, 1994

s.n.
La contemporaine / 4P 9353 © La contemporaine
Madeleine Rebérioux, photographie, s.d.

Madeleine Rebérioux, photographie, s.d.

Gisèle Freund
©Gisèle Freund/droits réservés
Une démocratie asphyxiée, éd. La Découverte, 2008

Une démocratie asphyxiée, éd. La Découverte, 2008

Ligue des droits de l'Homme
©LDH/droits réservés
Réferundum : Oui à la reconnaissance du peuple Kanak par le peuple français, affiche, 1988

Réferundum : Oui à la reconnaissance du peuple Kanak par le peuple français, affiche, 1988

Berbera
La contemporaine/ ©La contemporaine/droits réservés
73e Congrès : Justice et citoyenneté sociale in Hommes & Libertés n°73 1993

73e Congrès : Justice et citoyenneté sociale in Hommes & Libertés n°73 1993

s.n.
La contemporaine / 4P 9353 © La contemporaine






Le concept de "citoyenneté sociale"
Extrait d'entretien avec Madeleine Rebérioux, 2003, 04'03"


Madeleine Rebérioux (1920-2005) : historienne spécialiste de la IIIe République, du monde ouvrier et de Jean Jaurès, militante anticolonialiste, syndicaliste au Syndicat National des Enseignements de Second degré (SNES), au SNESup et à la Fédération de l’Education nationale (FEN), membre du Parti communiste de 1946 à 1969, directrice de la revue Le Mouvement social (1971-1982), présidente de la Société d’études jaurésiennes (1982-2005), déléguée aux commémorations nationales (1982-1986) et vice-présidente de l’établissement public de préfiguration du musée d’Orsay (1981-1987). Elle rejoint le comité central de la Ligue des droits de l’Homme en 1964, et en a été la première femme présidente de 1991 à 1995.




La Nouvelle Calédonie
Extrait d'entretien avec Michel Tubiana , 2018, 03'50"br />


Michel Tubiana : avocat notamment engagé au sein du Mouvement d’action judiciaire (MAJ), il rejoint la Ligue des droits de l’Homme en 1978. Il est alors membre de la commission Dom-Tom de la Ligue, et défend notamment les Kanaks en Nouvelle-Calédonie. Il est longtemps secrétaire général de la Ligue (1984-1995) avant de la présider (2000-2005).

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