La réédition de l’ouvrage, paru en 1993 sous le titre de
L’île aux peupliers, de la Résistance à Mai 68 : souvenirs du Doyen de Nanterre, est enrichie d’une vingtaine de documents et lettres issus du fonds Grappin, présentés dans le cahier central et les annexes.
Né en 1915 dans une famille de petits notables vosgiens, Pierre Grappin devient germaniste par conviction pacifiste. Étudiant pendant l’entre-deux guerres, il observe au cours de plusieurs séjours en Allemagne la montée progressive du national-socialisme. Il partage son temps, sous l’Occupation, entre la rédaction de sa thèse sur « La théorie du génie dans le pré classicisme allemand » et ses activités de résistant. Grappin est fait prisonnier en 1944 mais parvient à s’évader peu avant l’Armistice, alors qu’il était en transit vers Buchenwald.
Après-guerre, Grappin répond à l’appel de l’administration française en zone d’occupation allemande. A Baden-Baden, il travaille à la décartellisation de l’industrie allemande, avant d’être chargé par le général Koenig de faire la lumière sur les rapports du philosophe Heidegger avec les autorités hitlériennes. De retour en France, il enseigne l’allemand au lycée puis à l’université dans les années 1950. Prenant acte des mutations profondes du monde universitaire confronté à l’accroissement massif des étudiants, il accepte d’inaugurer, en tant que doyen, le nouveau campus de Nanterre en 1964. En 1968 il fait face à la révolte étudiante et démissionne quelques mois après.
Grappin fréquente tour à tour Jankélévitch et Guitton, qui furent ses professeurs et amis, Aragon, Tzara, Althusser ou encore Albert Schweitzer. Ses souvenirs, recueillis par Laurent Danchin, sont une traversée du XXème siècle - de la Grande Guerre à la Réunification allemande, en passant par la Résistance et 1968 où culmine sa carrière - en suivant le cheminement d’un témoin tout à fait privilégié de l’histoire.
Pierre Grappin, Mémoires d’un universitaire humaniste, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2019, 378 p., 15 euros.
Pour se procurer le livre, écrire à dcapeau@parisnanterre.fr